samedi 25 octobre 2008

E comme Enthousiasme


Au-delà des calculs, des pointages, du nombre de signataires recueillis, une chose différencie la motion que nous portons des autres, et en particulier de celle portée par Bertrand Delanoë : l’enthousiasme que l’une et l’autre porte, qui se ressent sur leurs défenseurs respectifs. Il ne faudrait pas y voir d’un côté la rationalité et la (fausse) modestie jospiniennes portées en bandouillère face de l’autre à l’hystérie démonstrative d’une apprenti-secte. Ces différences d’enthousiasme ne sont pas une affaire de sentiments, mais de politique.

Dans une récente interview assez stupéfiante, Bertrand Delanoë a déclaré qu’il s’est « résigné » à présenter sa candidature au Premier secrétariat du PS. Ce terme, que le maire de Paris « assume », est assez emblématique de la campagne qu’il mène depuis plusieurs semaines et de l’ambiance qui règne au sein de la motion A.


Clarté, courage… classicité !


Y compris au sein de ses principaux défenseurs dans notre section, on sent que l’envie, la « gnak » n’y sont pas. On défend la motion, on « fait le job », mais parfois presque forcé, conscient des contradictions importantes qu’elle contient et surtout du manque d’adhésion véritable qu’elle suscite. Les ralliements, comme ceux de Pierre Moscovici, se font toujours sur un mode résigné. Le député du Doubs n’arrête pas de répéter sur son blog qu’il avait raison, que son analyse « était la bonne » (sur la non-présidentialisation du parti), alors qu’il a rejoint la motion qui met le plus en avant cette conception des choses. Pourquoi nos camarades de la motion A en sont-ils arrivés-là, alors que tout le monde prétendait il y a quelques mois que le Congrès était déjà plié, en leur faveur ?

En dehors de son « excellent » bila
n à la Mairie de Paris, avez-vous souvent entendu nos camarades défendre Bertrand Delanoë avec certaines de ses prises de position marquantes, avec son orientation politique générale ? Le réformisme (partagé par l’ensemble des socialistes) ou la « fidélité à l’histoire du Parti » sont sans doute les seuls arguments construits qu’il nous a été donné d’entendre. Pour le reste, le maire de Paris est désespérément absent sur les grandes thématiques nationales. Ou plus exactement, il prend position, notamment lors des grandes émissions radio et télé qu’il fait, mais avec un tel classicisme que jamais rien ou presque, n’en ressort particulièrement.

Quand il attaque Nicolas Sarkozy de manière un peu plus véhémente, les media le font remarquer, ce qui signifie bien, a contrario, que ce type d’attaques sont exceptionnelles.


Le légitimisme est-il un projet politique ?


Comme l’ont fait remarqué plusieurs camarades, la motion défendu par Bertrand Delanoë n’est pas intrinsèquement mauvaise et plusieurs des diagnostics qui y sont établis correspondent à ceux que la motion E peut faire. Mais la plupart du temps, la motion A a cette fâcheuse tendance à être soit extrêmement confuse (sur la fiscalité par exemple) soit extrêmement classique (faire un « parti de militants » passe par le renforcement du Conseil national…) dans ses réponses. Aussi bien qu’une fois sa lecture achevée, on peine à en retenir une ou deux idées et propositions claires. A l’inverse, la motion E se distingue notamment par les révolutions démocratique et fiscale qu’elle propose, tout autant que par un système de retraite par points.


Ainsi, la motion A nous rappelle, en creux, que François Hollande, en est l’un de ses principaux signataires. Loin de nous l’idée de prétendre que notre Premier secrétaire actuel serait à jeter aux orties. Certaines des victoires qu’il a conduites ont été et restent remarquables. Il n’empêche pour autant que transparait de cette motion un PS qui reste ce qu’il a été au cours des six dernières années en termes de production intellectuelle, à savoir une opposition souvent juste mais des réponses terriblement molles et indécises.


Enfin, l’absence de véritable collectif renouvelé autour de Bertrand Delanoë, en dehors de Harlem Désir et ponctuellement de Pierre Moscovici, témoigne aussi de la faible force d’attraction qu’a réussi à générer le maire de Paris. Ceci étant, il est évident que pour un certain nombre de militants et c’est l’argument qui revient parfois dans les conversations, Bertrand incarne une forme de tradition auquel certains militants un peu déboussolés, se rallient, une fois de plus résignés.


Rien ne se fera sans enthousiasme.


Bien sûr que la motion E ne prend pas cette direction, au risque de bousculer un peu les habitudes. Elle compte en son sein de nombreux promoteurs, depuis plusieurs années, d’un nouveau parti socialiste (Vincent Peillon, Gaëtan Gorce, Françoise Mesnard…), une jeune génération (Najat Belkacem, Aurélie Filippetti, Delphine Batho) qui ne souhaitent que le mouvement et des élus confirmés (François Rebsamen, Julien Dray, Gérard Collomb) qui connaissent trop le parti pour ne pas savoir qu’il a besoin d’une profonde rénovation. Bien sûr, on n’est pas obligés d’être d’accord avec l’intégralité de la motion et encore moins avec les déclarations ou le style de chacun de ses promoteurs. Mais on peut lui reconnaitre une chose : l’enthousiasme qu’elle suscite et qui ne se dément pas. Plus de 800 personnes à proximité de Bordeaux, encore de 400 à 500 personnes en Indre-et-Loire notamment. L’envie retrouvée de travailler ensemble, de faire vivre notre débat intellectuel et de pouvoir affirmer, ici, maintenant et demain, que nous sommes et serons fiers d’être socialistes.


Comme Ségolène Royal l’a toujours dit, nous devons nous demander pourquoi le PS n’attire plus certains militants qui nous avaient rejoints en 2006 plutôt que de chercher à les blâmer pour leur prétendue désertion. Nous devons également avoir une véritable réflexion sur notre fonctionnement interne, nos rites importants mais sans doute en grande partie dépassés dans leur déroulement et parfois leur intitulé-même. Aimer son parti, ce n'est simplement être extatique devant une vieille maison, aussi belle soit-elle. Ce patrimoine, certains veulent, par leur classissicme, le fossiliser, le laisser dépérir en définitive, en ne consolidant ni ses fondations ni son armature. La motion E aime d'autant plus notre maison commune qu'elle a envie d'y vivre encore très longtemps et ainsi... la rénover, de fond en comble, l'agrandir même, pour s'assurer qu'elle ne soit jamais désertée.


Seule la motion E propose une méthode pour replacer le militant au centre du parti et seuls les promoteurs de notre motion ont démontré leur engagement à changer les choses en la matière depuis plusieurs années. Cette volonté d’inventer ce PS nouveau, de créer ce parti de masse où les équilibres intangibles seront mis en cause par cet afflux de nouvelles énergies, c’est sans doute l’un des principaux ferments de l’enthousiasme avec laquelle la motion E est défendue.


« L’homme meurt une première fois à l’âge où il perd l’enthousiasme » disait Balzac. Parce que l’on souhaite par dessus-tout que le PS ne soit pas fait d’aigreur mais d’envie, faisons en sorte que la motion qui porte le mieux ce message soit au plus haut le 6 novembre prochain. Quelques soient les réserves plus ou moins grandes que chacun peut avoir, cette motion génère cet espoir. Discutons-en camarades, mais de grâce, comme le dirait, pour le coup à juste titre l’un de nos illustres camarades, ayez – vraiment - de l’audace !


Jonathan

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