mardi 25 mai 2010

Lettre d'actualité de Ségolène Royal


La lettre d'actualité de Ségolène Royal, Présidente de Désirs d'avenir


Chères amies, chers amis,

Je vous invite à lire l’excellent article d’Edgar Morin, paru dans Le Monde daté du 23 mai, intitulé « Une nouvelle voie » et qui annonce son prochain livre.

Cela me permet de vous rappeler que l’Université internationale annuelle aura lieu à Poitiers du 27 au 30 septembre 2010 à l’Espace Mendes France.
En effet, l’Institut international de recherche, politique de civilisation que préside Edgar Morin est installé à Poitiers et soutenu activement par la Région que je préside.

Sous le titre général « Au-delà du développement IV »,
l’Université internationale proposera comme thème de discussion « Changer de voie » en relevant cinq défis :

- - défi politique, pour une politique de l’humanité ;

- - défi éthique, relations éthique / politique ;

- - défi écologique : eau, biodiversité ;

- - défi de la pensée : penser autrement, pensées d’ailleurs ;

- - défi de la connaissance, de la complexité.

Les plénières et les cercles réflexifs, moments forts d’échanges de connaissances et de points de vue, sont réservés aux inscrits. En soirée des forums thématiques publics, libres et gratuits, sont proposés afin de promouvoir une réflexion collective.

Si vous souhaitez participer aux travaux de cette Université que j’ouvrirai avec Edgar Morin, vous pouvez vous inscrire dés à présent en Région en envoyant un mail à l’adresse suivante :h.emmanuelle7@gmail.com

Dés la semaine prochaine des forums sur chacun des cinq défis seront ouverts sur le site de Désirs d’avenir et le 31 mai vous pourrez lire en Une du site une interview exclusive d’Edgar Morin avec qui je travaille activement à la préparation de son Université en Région.

Je souhaite également souligner que le Sénat Américain vient d’adopter :

- - la première réforme de régulation financière depuis la grande dépression des années 30 : le pouvoir de prendre le contrôle et de fermer les banques qui en cas de faillite risquent de faire s’écrouler le système financier ;

- - la séparation obligatoire dans les banques entre les activités traditionnelles de prêts et les pratiques spéculatives.

Cette proposition je l’ai faite il y a plus d'un an lors de mon discours sur la mondialisation prononcé au Megaron d'Athènes, le 2 octobre 2008. Elle avait été dénigrée par la droite.

Ce que Barack Obama fait, qu’attend Nicolas Sarkozy pour le faire ?

Fidèlement à toutes et à tous,

Ségolène ROYAL

Présidente de Désirs d'avenir

Forum sur les retraites : prenez la parole, je compte sur vous. Rejoignez nous à Désirs d'avenir

Journées portes ouvertes au Planning

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28 & 29 mai 2010
Le Planning Familial ouvre ses portes et lance sa campagne pour le remboursement de tous les contraceptifs

En 2009, vous étiez à nos côtés ! En 2010 qu'allons nous faire ensemble ?

L'an dernier vous avez signé la pétition de défense des missions du Planning Familial comme 200.000 personnes l'ont fait. Suite à votre mobilisation, l'Etat a annoncé le maintien des financements des actions d'information jusqu'en 2011. Une vigilance permanente est nécessaire pour que cette annonce soit suivie d'effet et surtout qu'elle perdure ! En effet, les menaces qui pèsent sur la pérennité du monde associatif sont de plus en plus réelles.

Nous avons toujours besoin de vous à nos côtés !

Le vendredi 28 et le samedi 29 Mai, Le Planning Familial ouvre ses portes et lance deux campagnes : l'une d'appel à soutien et l'autre pour le remboursement de tous les contraceptifs.
On compte sur vous pour discuter, échanger, nous soutenir et mieux nous connaître !


Ensemble pour que riment Liberté et Plaisir, Egalité avec femmes et hommes pour toutes les sexualités !
A bientôt
Le Planning Familial

Pour connaître l'adresse de l'association la plus proche, rendez vous sur le site internet du planning en cliquant ici
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N'hésitez pas à "aimer " cette page, à la partager sur votre propre page, à la faire connaître à vos amiEs !




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samedi 22 mai 2010

Le PS s’effondre !

6 22 /05 /2010 07:2

L’adoption par les militants socialistes d’un nouveau modèle de développement devait montrer le grand retour sur la scène des idées du Parti socialiste sous la direction de Martine Aubry.

On allait voir ce qu’on allait voir …

La première secrétaire n’a pas lésiné sur les moyens : grand rassemblement à la mutualité pour présenter le texte, nombreuses interventions dans les médias de tous les cadres du Parti pour faire son apologie, vote unanime au conseil national.

Toutes les motions pouvaient s’y retrouver. De Pierre Moscovici à Benoît Hamon, ils n’avaient que grands sourires et congratulations. Il était interdit de montrer sa différence pour afficher au contraire l’unité retrouvée derrière la première secrétaire et frapper ainsi l’opinion publique. « Nous travaillons tous ensemble » était le mot d’ordre repris par tous !

Belle image pour les magazines, sauf que … Si tout paraissait si bien orchestré, ils avaient oublié un élément essentiel : les militants. Et là pour le coup : c’est le bide du siècle !


Les militants ont largement boudé le vote de ce texte, l’abstention triomphe (67%), les militants s’en vont et le Parti socialiste s’effondre.

Le nouveau modèle de développement semble déjà bon pour le rayon des invendus…

Dure réalité pour ces cadres stratèges qui se voyaient déjà à des postes ministériels…

Ils n’ont pas réalisé que la démocratie ne se faisait pas dans les fauteuils confortables de Solferino ou le virtuel d’une image à la télévision mais dans la capacité à mobiliser un électorat !

Et ils poursuivent dans la même lancée … Après des semaines de suspens, la fumée est enfin sortie du conclave de Solferino pour annoncer la réforme socialiste des retraites, bien sûr sans consulter les militants qui ont appris dans la presse quelle était l’orientation de leur parti !


Interrogée par des militants, une jeune cadre dynamique du PS leur répondait : « mais au PS ce sont les responsables de motions qui décident ! »

Oui mais voilà, ce fonctionnement archaïque ne fonctionne plus !

Pourtant la tornade provoquée par Ségolène Royal aurait pu bousculer ce conformisme ambiant pour donner à ce Parti une réelle dynamique populaire. C’était tout l’enjeu du congrès de Reims. Ségolène Royal proposait une rénovation du fonctionnement de ce Parti pour ouvrir les portes et les fenêtres et instaurer une démocratie participative donnant une réelle place aux militants.

On connaît la suite. Quelque chiffres truqués dans une arrière salle du Nord et, l’ordre était restauré avec ses chefs, ses sous-chefs et les aspirants à devenir chefs.

On peut s’interroger maintenant sur l’avenir de ce Parti.

Acceptera-t-il finalement la refondation proposée par l’ancienne candidate présidentielle ou poursuivra-t-il vers une fin à la SFIO ?

Accepteront-ils de soutenir un leader capable de créer un réel élan populaire en s’adressant aux gens ou préféreront-ils disparaître dans les bras d’un gestionnaire international ou ceux d’une chef de clan ?

Philippe Allard

Samedi 22 mai 2010 6 22 /05 /2010

lundi 17 mai 2010

Ségolène Royal défend le partenariat avec la Méditerranée

1 17 /05 /2010 17:55

· Et aussi un monde multipolaire où chacun a sa place

· La zone euro «un peu vidée de son contenu»



TOUJOURS aussi vivace que calme, le sourire aux lèvres, le regard intense et profond. Ségolène Royale, la concurrente socialiste de Nicolas Sarkozy aux présidentielles françaises de mai 2007, n’a rien perdu de sa verve ni de son… charme.
La grande dame de la politique française a profité de son passage à Casablanca pour rencontrer des journalistes d’Eco-Médias. L’occasion pour elle de revenir sur la crise financière européenne et aussi sur la vive polémique qui anime le pays après l’annonce du plan d’austérité de Sarkozy. Il est vrai que le Parti socialiste (PS) voit dans ce plan la fin d’une grande partie des avantages sociaux, sans compter le gel des dépenses pour réduire le déficit public de l’Etat, ou encore le prolongement de l’âge de la retraite.
Dans ce cadre, Ségolène Royal estime que ce qui «manque cruellement à ce plan de sauvetage, ce sont des règles très fermes de lutte contre la spéculation financière et contre le système bancaire qui reçoit un soutien des Etats sans qu’il y ait contrepartie en termes de lutte contre la spéculation, rémunération des traders, taxe sur les mouvements de capitaux». A ce propos, elle a indiqué que «si cette taxe n’est toujours pas mise en place, c’est parce qu’on est encore dans un système ultralibéral qui fait la part trop belle aux banques et, aujourd’hui, les opinions publiques font pression pour qu’il y ait à la fois de la transparence dans les décisions qui sont prises, de la justice dans la répartition des efforts et surtout que le système bancaire soit mis devant ses responsabilités avec des contraintes nouvelles». «Ce que je préconise, c’est qu’il y ait au sein des banques une dichotomie, une séparation entre les banques spéculatives qui n’ont plus à recevoir le soutien de l’Etat et les banques économiques qui financent durablement l’économie réelle et qui peuvent recevoir, le moment venu, un soutien des Etats ou des garanties d’emprunt qui leur permettent d’aider les entreprises à se développer».
Abordant la question de la solidarité entre les Etats européens après la crise financière qui secoue la Grèce, Ségolène Royal, tout en estimant que la création de l’euro «est un progrès considérable puisque ça permet aux pays de ne plus se faire des évaluations compétitives», a souligné que «ce qui a manqué c’est le volet économique, gouvernance commune, progrès social commun, politique fiscale commune, politique environnementale commune…». Conséquence, «la zone euro s’est trouvée un peu vidée de son contenu». Aussi, ajoute-t-elle, «le problème est soit un risque de déclin pour l’Europe, soit au contraire une opportunité de sursaut, de convergence, de volonté politique et de volonté des Etats de remettre de l’ordre dans ce qui est aujourd’hui un grand désordre lié à la spéculation financière».
Sur le chapitre des relations européennes, notamment avec les pays méditerranéens, Ségolène Royal a estimé que la sortie de crise «est une opportunité nouvelle pour les pays émergents comme le Maroc». Et d’ajouter: «moi j’ai toujours pensé de toute façon que l’avenir de l’Europe c’était le partenariat autour de la Méditerranée. Et je pense que cette épreuve qui arrive à l’Europe devrait au contraire lui permettre de considérer que la domination de l’Occident n’est plus d’actualité». Ce qui est d’actualité, dit-elle, «c’est un monde multipolaire où chacun a sa place, où il y a des partenariats équilibrés et c’est cela la grande leçon des choses». Seulement, pour les Européens, «c’est difficile à admettre, c’est-à-dire, le prisme de l’histoire est tellement lié à l’occidentalisation du monde et, aujourd’hui, il y a une forme de «désoccidentalisation». Mais «on a besoin des regards des autres pour avancer et l’Europe n’est plus le modèle dominant», avance-t-elle.

Jamal Eddine HERRADI

Article publié dans L'Economiste (le 1er quotidien économique du Maroc)


Ségolène Royal interview du 18mai dans Le Monde

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Ségolène Royal s'exprime dans Le Monde daté du mardi 18 mai 2010 au sujet des retraites.

Concernant la "contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital", annoncée par le gouvernement Fillon, elle estime que le gouvernement devra annoncer très vite le niveau de prélèvement, avant que le volet dépenses soit abordé.

Elle réaffirme la nécessaire prise en compte de la pénibilité du travail, et pointe aussi l'absence de mesure sur les niches et le bouclier fiscaux.


"L'âge légal de départ à 60 ans n'est pas négociable" souligne-t-elle ; et l'allongement de la durée du travail ne devra être envisagé qu'en tout dernier ressort, quand tous les autres paramètres auront été pris en compte.


Enfin, la président de la région Poitou-Charentes rappelle la nécessaire réglementation de l'activité des banques et la défaillance de la droite dans la politique qu'elle mène depuis 3 ans dans tous les domaines.

F.M.

-oOo-


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mardi 18 mai 2010

ENTRETIEN

Sans attendre le bureau national du Parti socialiste, qui doit avoir lieu dans la soirée du 18 mai, la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes prend position sur le document d'orientation du gouvernement sur la réforme des retraites. Si elle reconnaît certaines avancées, comme la création d'une contribution nouvelle prélevée sur les hauts revenus et les revenus du capital, elle doute de la validité des projets gouvernementaux qui devraient s'accompagner, à ses yeux, d'une révolution fiscale et d'une nouvelle politique industrielle.



Le gouvernement vient de transmettre aux partenaires sociaux son " document d'orientation sur la réforme des retraites ". Quelle est votre réaction ?

On assiste à un recul inattendu du gouvernement, puisqu'il se dit prêt, pour la première fois, à examiner le volet recettes d'une réforme des retraites. Il parle d'
" une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital ". C'était une de nos exigences anciennes et c'est un acquis du rapport de force que nous avons su créer avec lui. Mais il doit annoncer très rapidement quel sera le niveau de ces prélèvements. Avant toute décision sur la dépense, les Français doivent savoir combien on encaisse. Si ces prélèvements sont faibles, cela sera seulement un nouveau tour de passe-passe pour endormir les forces sociales.



Quand le document parle de " réforme systémique ", cela correspond-il aussi à vos attentes ?

On peut considérer cela comme un point positif car c'est ce dont la France a besoin. Mais le gouvernement ne met pas tous les éléments sur la table. Qu'en est-il de la révolution fiscale qui devrait être le corollaire de la réforme des retraites, le bouclier, les niches ? Il doit aussi préciser ses intentions sur la pénibilité de certains emplois, c'est un débat bloqué depuis de longs mois et c'est inadmissible. Il y a des travaux qui aliènent. C'est vrai pour les emplois précaires qui se succèdent en contrats à durée déterminée (CDD), c'est vrai pour certains emplois de France Télécom.


Les conditions de travail ne sont pas pour rien dans ce que le médiateur de la République appelait récemment la " fatigue psychique " de la société française. La retraite intervient dans la vie des Français comme un moment où chacun peut suivre le rythme de sa vie personnelle. Ce serait une grave erreur de réduire la réforme à la hausse de l'âge de départ à la retraite et à la durée de cotisation.



Pourtant, si on en croit les termes de la " consultation populaire sur la retraite et la fiscalité " que vous avez lancée sur votre site Internet desirsd'avenir.org, l'augmentation de la durée de cotisation n'est pas un sujet tabou.

Si le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans n'est pas négociable, la modification de la durée de cotisation, elle, ne pourrait intervenir qu'en dernière instance. Tous les paramètres internes et externes doivent d'abord être considérés et, si nécessaire, à la fin, et seulement à la fin, la question de la durée de cotisation pourra être posée. Pour que nous l'acceptions, il faudrait que des garanties aient été apportées sur le montant des pensions et que le gouvernement accepte d'établir un calendrier précis pour ré-abonder le Fonds de réserve que nous avions créé en 1999, en imaginant des recettes nouvelles.



Préconisez-vous aussi, comme l'aile gauche du PS, une nouvelle taxation sur les bénéfices des banques ?

J'y suis tout à fait favorable. Plus largement, la question de la réglementation de l'activité bancaire n'a pas été réglée. Sur le terrain, on vit le contraire de ce que dit le président de la République. C'est tout de même incroyable que les régions soient obligées de garantir les prêts bancaires et que l'Etat ne fasse rien.



Quel bilan faites-vous des trois premières années de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

Il aurait fallu qu'il sache pourquoi il était là. Trois ans passés, et pas le début du commencement d'une politique industrielle. Le tournant de l'investissement massif dans la croissance verte n'a pas été pris ; rien n'a été fait pour recadrer l'activité économique et remettre en ordre les aides aux entreprises.


Nicolas Sarkozy n'a jamais réuni, par exemple, les responsables de la filière automobile pour essayer de mettre fin à la vaine concurrence qu'ils se mènent alors qu'ils devraient concevoir ensemble la voiture électrique de demain. Angela Merkel l'a fait en Allemagne et ils sont en train de nous passer devant... On assiste aussi à une incroyable démobilisation des territoires. Nicolas Sarkozy n'a jamais réuni les présidents de région pour esquisser un travail commun entre l'Etat et les collectivités. La droite est partout défailllante, elle manque de volonté et d'imagination.


Propos recueillis par Olivier Schmitt


La victoire idéologique de Ségolène Royal. Car c'est bien de cela dont il s'agit

La victoire idéologique de Ségolène Royal

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Par pmichkine
le 15/05/2010 à 14:55, vu 3199 fois, 13 nombre de réactions
Info non vérifiée par la rédaction du Post.

Ségolène Royal à Poitiers le 12 Mars 2010.
© Razak / Désirs d'Avenir


D'une victoire idéologique de tous les concepts portés publiquement par Ségolène Royal, d'abord dans la conquête de l'investiture socialiste en 2006, puis lors de la campagne présidentielle en 2007 et enfin lors du Congrès du PS à Reims en 2008.

Lorsque l'on dresse ce tableau, on réalise à quel point l'impact personnel de l'ex-candidate présidentielle a fait littéralement bouger les lignes et le paysage politique français sur la base de quelques convictions solides qui constituent son ADN politique, des convictions imposées, parfois avec fracas dans le champs politique et l'opinion. Mais ces éclats ont permis de fracturer la barrière des idées reçues.

Le triptyque « Royal » c'est : l'ordre juste, la fraternité et la démocratie participative. La tentation est grande pour ses concurrents de gauche et ses adversaires de droite de s'approprier ces concepts très puissants parce que simples et profonds. Mais c'est oublier un peu vite la conscience citoyenne, la mémoire de l'opinion qui voit tout, entend tout, se souvient de tout et sait distinguer le bon grain de l'ivraie le moment venu, en l'occurrence la prochaine échéance présidentielle, en 2012.

1) L'ordre juste

A peine prononcée, la formule a fait mouche. Que ce soit à Arras (Pas-de-Calais), en février 2006, puis à Privas (Ardèche ), le 8 Mars 2006, Ségolène Royal plaide pour "un ordre juste".

Extraits du discours de Privas : "Il faut rétablir un ordre juste par le retour à la confiance, par le retour de repères clairs, par le bon fonctionnement des services publics, par des règles d'honnêteté (...) valables pour tous".
Une notion reprise à Bondy, le 30 Mai 2006 qui séduit immédiatement un électorat de gauche, lassé par le laxisme, et la république des bons sentiments. Mais l'expression, pourtant déjà présente dans les écrits de Ségolène Royal depuis longtemps (La vérité d'une femme-1996) provoqué une levée de boucliers dans l'appareil socialise (l'ordre juste, c'est juste le désordre déclare DSK). A droite, on reste perplexe et inquiet, l'ordre étant considéré comme l'un de ses fonds de commerce les plus efficaces.

En Octobre 2006, Nicolas Sarkozy, ministre de l'intèrieur, contre attaque et tente de reprendre l'expression lors d'une visite en banlieue. Sans succés réel. La presse ironise trop. Il lâche prise.

3 ans après la présidentielle, l'ordre juste s'impose comme une évidence.
A tel point que, pour la campagne des européennes de 2009, Michel Barnier n'hésite pas à déclarer dans les Echos : « Je suis pour un ordre juste en Europe. Le monde ne sera pas stable s'il n'est pas juste. »

Mais pour l'heure personne au PS n'ose s'emparer de l'expression, qui identifie tant Ségolène Royal. Alors on biaise, on esquive, on tourne autour du pot. C'est assez comique... à l'image du programme des européennes, dans lequel les socialistes français s'engagent pour « une europe de juste échange ». L'ordre juste est le marqueur, la pierre angulaire de Ségolène Royal, celle qui correspond parfaitement au temps qui vient. Ordre juste économique, international, social environnemental. Difficile de dérober le joyau de la couronne.

2) La Fraternité

C'est probablement le « fric frac » le plus voyant et le plus ridicule.

La fraternité, c'est bien sur le meeting du Zénith, le 27 Septembre 2008. Ce stand up absolument formidable et moderne qui vaudra à Ségolène Royal des critiques acerbes, surtout du microcosme parisien mais aussi un concert de louanges et un impact profond avec le pays.
Elle ouvre ainsi une autre voie de réflexion politique et philosophique, prolongée par l'Université Populaire Participative sur le même thème et la sortie du livre de Régis Debray « Le moment fraternité » dont elle fait l'invité d'honneur de l'AG de Désirs d'avenir en Mars 2009.
Le 19 Septembre 2009, à Montpellier, lors de la Fete de la Fraternité, elle va plus loin encore sur l'idée de Fraternité.
Extraits :
« Oui, ce qui compte, c'est la constance, et le chemin dans lequel nous avançons. Ce qui compte, c'est notre fraternité, qui est plus grande que nous et qui va encore nous faire grandir et donner envie de nous rejoindre!
Qu'est-ce que c'est que la fraternité et comment peut-elle nous faire agir?
La fraternité « consiste à devenir frère et sœur avec tous ceux qui ne sont ni nos frères ni nos sœurs ».

J'y vois là une clé essentielle pour permettre une nouvelle conscience mondiale, ce nouveau siècle citoyen. La fraternité, c'est ce sentiment qui dépasse toutes les différences pour nous permettre de vivre ensemble. Dans un monde frappé par une crise morale sans précédent, un pessimisme latent, un « aquabonisme » quotidien, tant la vie est difficile, tant l'horizon semble bouché, dans les rapports familiaux, sociaux, se dégradent, dans un monde au cœur glacé, ou l'individualisme est la seule réponse que l'on peut trouver pour se protéger des coups qui pleuvent, lié à une politique injuste qui accorde tout à ceux qui ont tout et n'accorde rien à ceux qui n'ont déjà pas grand-chose. Liés aussi à une dégradation du lien républicain... dans ce monde qui ressemble de plus en plus à une jungle, où la loi du plus fort remplace peu à peu le progrès social, oui dans ce monde qui s'empoisonne, la fraternité doit agir comme un puissant contre poison » ( Montpellier, le 19 Septembre 2009 )

En moins de 2 ans, le concept de Fraternité est donc entré dans la vie de ce pays par la voix Royale . Et c'est immanquable. Après les ricanement, le rapt en bonne et due forme.

Le 31 décembre 2009, lors de ses vœux à la Nation, Nicolas Sarkozy conclut avec ces mots ( extraits ) "Je souhaite que 2010 soit l'année où nous redonnerons un sens au beau mot de fraternité qui est inscrit dans notre devise républicaine" Martine Aubry, lors de ses vœux, en appelle aussi à une « France plus fraternelle ». Elle utilise désormais dans la quasi-totalité de ses interventions, cette expression de France fraternelle. Une façon de s'emparer du concept en évitant le label « Royal » Une tactique qui n'échappe pas à la presse et qui souligne inlassablement, au fil des papiers, l'emprunt assez peu fraternel à Ségolène Royal.

3) la démocratie participative

Elle est présente dans toutes les prises de paroles publiques et privées et l'action politique nationale de Ségolène Royal dès le mois de décembre 2005. Elle est aussi l'un des leviers d'action dans sa région depuis 2004. Elle en fera le mode de campagne pour la présidentielle en 2007.

La méthode, trop moderne, trop audacieuse, est mal perçue par l'opinion, parce que mal relayée par les cadres du ps qui ne comprennent pas grand chose ou veulent surtout ne pas comprendre. Les médias, tiraillés entre la novation Royal et les freins, même invisible, que semble mettre le parti, couvriront mal cette étape pourtant décisive de la campagne socialiste.

Pourtant, c'est avec cette méthode que Barack Obama remportera la primaire aux USA.

Alors Ségolène Royal en avance d'une époque ? Assurément !

Dès 2006, elle pose les jalons en déclarant « Je ne prétend pas tout savoir [...] les citoyens sont les meilleurs experts de ce qu'ils vivent » ( Meeting de Rennes-Juillet 2006 ).
Les citoyens experts et l'intelligence collective vont devenir 2 leitmotiv de son discours politique. Un discours moqué, critiqué par les éléphants.

Pourtant, le 22 Septembre 2009, Martine Aubry entame à Angoulême son tour de France du projet socialiste sur le mode « participatif »... questions du public installé en cercle.

En décembre 2009, le PS entérine un "Contrat pour les régions" dans lequel on peut lire (extraits ) : "Parce que nous pensons que les citoyens sont les meilleurs experts de leur vie, nous voulons qu'ils soient co-auteurs des politiques publiques avec leurs élus et les acteurs de la démocratie sociale (syndicats, associations...)."

"Nous nous engageons à faire vivre nos régions de manière démocratique. Nous développerons la démocratie participative sous toutes ses formes. »
On croit rêver mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.


4) La rénovation : primaires ouvertes, alliances élargies

Mai 2007. entre les deux tours, Ségolène Royal tend la main, non pas aux électeurs de François Bayrou, mais à François Bayrou lui même. Le leader centriste hésite et finalement renonce. Nicolas Sarkozy est élu avec 2 millions de voix d'écarts. Il aurait suffi d'un million de voix pour changer le cours de l'histoire. Bayrou, partagé entre calcul politique personnel et lâcheté laisse passer le train de l'histoire.

En Janvier 2010, bis répétita. Ségolène Royal cette fois, tend à nouveau la main localement au Modem. François Bayrou regimbe. Le modem local s'allie en partie. Le président du Modem essuie un revers cuisant.

A deux reprises, au pied du mur, Bayrou démontre que derrière ses mots et ses valeurs se cache un maquignon qui compte avant tout la monnaie sonnante et trébuchante de ses intêrets.

Les alliances font couler beaucoup d'encre. Ségolène Royal est à nouveau clouée au pilori. Mais les grandes déclarations vertueuses nationales n'empêchent pas les petits arrangements locaux. Pour les municipales, en mars 2008, Martine Aubry passe un accord avec ses centristes locaux dès le premier tour.
A la Rochelle, lors de son discours d'ouverture, la première secrétaire délivre un message mi chèvre-mi chou sur le modem, loin, bien loin des incantations de Reims « "le Modem ne porte pas un projet de société compatible avec le nôtre" déclare-t-elle à la tribune avant de rejeter la proposition de Ségolène Royal de referendum sur le Modem, jugeant que c'est "au bureau national et au conseil national" de trancher » Idem pour les primaires élargies, portées par Ségolène Royal dans sa motion « Combattre et proposer » qui souhaite « ouvrir les portes et les fenêtres du parti socialiste, en faire un lieu de débat ouvert à tous les français ».

Lors de son discours d'ouverture à la Rochelle, le 25 aout 2009, Aubry s'empare du talisman de la rénovation en se prononçant pour ces primaires élargies et contre le non cumul des mandats.

Commentaire plein d'humour de Ségolène Royal après le discours « je suis ravie que les bonnes idées fassent enfin leur chemin ».

Aubry rénovatrice ? Peut être pour l'instant. Mais cette posture possède une limite simple : dans le cadre de primaires élargies, comment Martine Aubry pourra-t-elle incarner la modernité, la rénovation en étant la première secrétaire du parti encore jugé très archaique et rejeté, comme l'ump ? N'oublions pas l'abstention record aux régionales. Comment pourrait l'incarner face à une Ségolène Royal qui, si elle était candidate, pourrait se prévaloir de cette rénovation, qu'elle porte avec entêtement depuis 4 ans, et de cette modernité, ce dépassement du PS et des appareils politiques, cette autre façon de faire de la politique qu'elle incarne dans sa région concrètement, qu'il s'agisse de la social-écologie, de la démocratie participative ou des politiques de civilisations?

Dans une primaire élargie, Ségolène Royal serait à n'en pas douter, mieux armée que Martine Aubry dans l'incarnation du nouveau siècle.

5) Le pillage des mots

Si la tentative de s'emparer des concepts est évidente, elle passe parfois par le pillage des mots, qu'on tente de théoriser ensuite.

La bataille sur « la politique de civilisation » est à ce titre presque grotesque.
En Juin 2009, Ségolène Royal présente à la presse, à Paris, en présence d'Edgar Morin, l'université d'été qui doit se dérouler à Poitiers sur les 7 défis de la politique de civilisation. Depuis 2008, elle entretient des dialogues permanents avec le grand sociologue et la région finance en partie le centre Edgar Morin à Poitiers.
Lors de cette conférence de presse, elle déclare:
"C'est un rendez vous essentiel pour les années qui viennent. Il y sera notamment question des «alternatives théoriques au paradigme de la croissance», des «sept défis pour une politique de civilisation» et de «l'abîme ou la métamorphose : l'état de la planète, les enjeux et les prospectives. Ce sont les défis majeurs. C'est ca qui est important. L'important, ca n'est pas les chicayas du ps. L'important, ce sont les solutions et ces défis".

Le 27 Aout 2009, la veille de l'ouverture de La Rochelle, Martine Aubry, dans une tribune pour le journal « Le Monde » déclare « nous devons lancer une offensive de civilisation » La presse se moque de ce glissement sémantique... de la « politique » à « l'offensive », le landernau médiatique s'amuse. A plusieurs reprises, Ségolène Royal évoque cette politique de civilisation, pendant sa campagne des régionales, notamment lors du discours de la Rochelle, le 16 Janvier 2010.
A plusieurs reprises, elle évoque les 7 défis de la politique de civilisation et la nécessité d'ouvrir un autre chemin, une autre voie, qui est la pierre angulaire de la politique de civilisation telle que la définit Edgar Morin. Le 12 Février 2010, elle accueille la trentaine de chercheurs venus du monde entier pour l'installation à Poitiers du comité scientifique de l'institut de politique de civilisation, financée en partie par le Conseil Régional, à sa demande expresse. Edgar Morin est présent.

L'offensive de civilisation, elle, disparaît des discours de Martine Aubry, échaudée par les ricanement justifiés des journalistes mais, par un tour de passe passe miraculeux, « la politique de civilisation » revient dans le projet du PS présenté par Pierre Moscovici. Le même qui, lorsque Nicolas Sarkozy avait évoqué cette politique de civilisation le 31 Décembre 2007, déclarait « C'est un concept fumeux ».
Vérité de 2007 n'est plus vérité de 2010.

La politique de civilisation s'invite donc à nouveau à la table socialiste... et Martine Aubry de ressortir « son offensive de civilisation », le 28 Mars, lors de la convention du PS sur le projet. Un projet truffé d'expression royaliste à travers ses pages.
Qu'il s'agisse du « nouveau modèle économique et écologique », un concept sur lequel Ségolène Royal a fait toute sa campagne des régionales, dès Janvier 2010, ou de la société qui prend soin (la société du care), qui se rapproche étrangement de l'un des thèmes de campagne de la présidente de la Région Poitou charentes « la région qui prend soin » et qui évoque, inévitablement, l'un des thèmes de la présidentielle, notamment lors du meeting de Lille ou elle déclarait
"J'instaurerai une forme de gouvernance, de présidence qui prend soin des français, qui prend soin de vous ».

La morale de l'histoire est assez limpide.
Critiquée, jalousée, empêchée, Ségolène Royal est parvenue, en 4 ans, à imposer partiellement sa vision du monde, et les valeurs auxquelles elle croit et qu'elle cultive depuis 25 ans.
Partiellement parce que seule la victoire peut permettre de transformer des concepts, des idées et des valeurs en moyens réels pour le bien d'un pays, d'un continent et plus largement de la planète. Et ces valeurs, portées avec courage, souvent dans l'adversité, ces valeurs sont universelles mais elles ne peuvent pas se « transfuser » . parce qu'elles font intrinsèquement partie de celui ou celle qui les porte et elles ne sont crédibles que si elles s'accompagnent d'actes cohérents.

Alors, le PS peut bien parler de Fraternité. Il ne peut convaincre jusqu'au bout tant qu'il est incapable de faire la paix réelle entre ses différents leaders et particulièrement son ancienne canditate à la présidentielle. Nicolas Sarkozy peut bien parler d'ordre juste. Il ne peut convaincre en appliquant une politique aussi injuste. Martine Aubry peut bien parler de rénovation. Elle ne peut convaincre que si elle va jusqu'au bout, impose la rénovation aux barons qui font la pluie et le beau temps, accepte des primaires élargies et totalement transparentes. Tous peuvent bien évoquer la démocratie participative. Ils ne peuvent pas convaincre si elle n'est qu'un colifichet, un prétexte et pas un véritable outil de nouvelle gouvernance.

Seule la cohérence ouvre le chemin de la victoire. En traçant inlassablement son sillon, sans jamais dévier des valeurs auxquelles elle croit, Ségolène Royal la cohérente reste plus que jamais la mieux placée pour succéder à Nicolas Sarkozy en 2012.

mercredi 12 mai 2010

Ségolène Royal demande des décisions plus fermes contre la spéculation


La crise européenne appelle des décisions plus fermes contre les banques et les spéculateurs. Il faut construire les Etats-Unis d'Europe

Après bien des atermoiements, l’Europe s’est enfin dotée d’un vaste plan de secours de 750 milliards pour soutenir les pays en difficulté dans la zone euro et enrayer la contagion née de la crise grecque. Un plan tardif et très incomplet.

Un plan qui ressemble à un rempart érigé à la dernière minute pour protéger l’Union des prédateurs financiers.

En revanche, pas un mot, pas une ligne dans l’accord final sur la lutte contre les spéculateurs, et aucune mesure coercitive contre les banques.

Car au delà de cette bouée de sauvetage lancée en urgence, nous savons bien que cela ne suffira pas et que c’est bien l’ensemble du système financier qu’il faut revoir.

Il y a dans la crise grecque comme les prémices d’une tragédie européenne si nous ne changeons pas radicalement de voie.

Car derrière la crise colmatée dans l’urgence, c’est l’Europe dans son essence qui est en réalité menacée.

Un peuple angoissé, otages des mensonges d’hier et de la purge d’aujourd’hui.

Un gouvernement humilié, contraint d’accepter stous les diktats sous peine d’être abandonné au vent violent d’un destin qu’il tente de maitriser avec sang froid.

Et un retour en arrière est nécessaire aujourd’hui pour bien analyser cet enchaînement dont nous ne voulons plus.

Lorsqu’un état est en déficit, comme c’était le cas de la Grèce ( -12,7% en 2009 ) il dispose de deux moyens pour financer son budget : l’impôt ou l’emprunt, c’est à dire la dette.

En pleine crise, augmenter les impôts n’avait pas de sens. La Grèce comme beaucoup d’autres pays, a donc fait le choix de l’emprunt, sous forme d’obligations.

Mais pour emprunter, il faut offrir des garanties adéquates à celui qui prête. Un épargnant qui prête de l’argent exige évidemment une rémunération, un intérêt. Mais il demande en outre des garanties de remboursement (des collatéraux).

Avec un déficit public représentant 12,7% de sa richesse nationale, des charges de remboursement déjà très élevées, des manipulations statistiques ayant permis au précédent gouvernement de droite de maquiller l’ampleur du désastre budgétaire, la Grèce a vu naturellement sa crédibilité financière chuter, entraînant la dégradation de sa note attribuée en Décembre 2009 par les principales agences de notations, Standard and Poo’rs et Moody’s. A ce moment là, l’écart de taux d’intérêts sur les emprunts à deux ans entre la Grèce et l’Allemagne ( la signature européenne la plus sure ) atteint 5,5% , et 3,7% sur les emprunts à 10 ans.

Ce sont donc les mêmes agences de notations qui ont cautionné pendant des années des prises de risque importantes, en attribuant de très bonnes notes à des produits financiers à hauts risques, comme les subprimes. Avant de les déprécier brutalement à l’été 2007, entraînant ainsi une chute brutale des marchés.

Et le cercle vicieux s’est enclenché sur un raisonnement simpliste :

Si les marchés redoutent un éclatement de la zone euro, c’est bien parce que la Grèce et dans une situation désespérée et si la Grèce est dans une situation désespérée, il faut donc redouter un éclatement de la zone euro. CQFD

On nous promettait de réformer le capitalisme mondial. En réalité, rien n’a changé.

Le temps du sauvetage est donc venu.

Un sauvetage d’abord à reculons d’une Europe qui maugrée avant d’accepter de payer avec le FMI. 80 milliards pour l’Europe, 30 milliards pour le FMI.

Le Fonds Monétaire international qui n’a pas changé, après les cures d’austérité imposées en Afrique et en Amérique Latine. En Grèce comme ailleurs, il applique la même méthode : abaissement des salaires, démantèlement de la protection sociale, augmentations des taxes…

L'Europe, quant à elle, fait payer son aide au prix fort.

A quoi assiste t-on avec une impression de déjà vue ?

Au règne tout puissant des marchés.

Un an et demi après le début de la crise financière, de l'effondrement spectaculaire de Lehman Brothers, rien n'a changé.

Et l'on peut même dire que le poids des marchés s'est accentué.

Nous le savons bien: les institutions financières européennes détiennent environ les deux tiers de la dette publique grecque, estimée à 300 milliards d’euros.

Toute renégociation de l’endettement se serait donc traduite par des pertes pour les banques européennes, ce qui est inconcevable pour le marché qui règne en maître dans un système qui s'est reconstitué et même renforcé.

Certes, il fallait éteindre l’incendie.

Mais pour combien de temps puisque l’on feint d’ignorer les racines du mal.

Puisqu’on ne s’engage pas résolument dans la seule voie possible : la réforme , et non pas la « moralisation », du capitalisme financier. Une réforme qui sépare clairement les activités de prêts aux particuliers et aux entreprises des activités de spéculation comme je l'ai dit l'an dernier.

Oui, l’incendie sera peut être éteint, aux prix de sacrifices immenses, qui seraient inconcevables en France: baisse des salaires, augmentation des taxes, notamment de 21 à 23% sur l’alcool, le tabac et les carburants allongement de la durée du travail, porté à 60 et de la durée des cotisations, de 37 à 40 ans…suppression du 13ième et du 14ième mois ( qui correspond aux congés payés pour tous les salaires supèrieurs à 3000 euros, les indemnités chomages devraient aussi être revues à la baisse. Diminution des investissements dans le secteur public ( santé, éducation ). Rappelons que le salaire minimum brut est de 727 euro en Grèce et de 1343 en France. Au total , les grecs devront faire 30 milliards d’économies sur 3 ans pour pouvoir survivre.

Quel pays peut supporter une telle purge ?

Les plus pessimistes analysent déjà que la Grèce ne pourra pas supporter ce plan qui risque de plonger le pays dans une longue récession

Qui est responsable dans cette affaire ?

Nous le savons tous. Les spéculateurs et les atermoiements de l’Europe.

Derrière la crise grecque, c'est non seulement la zone « euro » qui est menacée mais plus encore, l'idée même de l'Europe, de la construction européenne, alors que nous venons de fêter Son 60ième anniversaire.

A travers la Grèce et les pays du Sud de l’Europe, c’est le projet politique européen dans son ensemble qui est aujourd’hui à un moment de vérité.

Les preuves de bonne volonté individuelle des pays du Sud de l’Europe pour témoigner de l’efficacité de leur plan de redressement des finances publiques ne suffiront pas.

Le plan européen d’aide aux pays européens en difficultés ne suffira pas, même s’il s’agit d’un premier pas.

Pour résister aux attaques spéculatives, pour que l’Europe soit autre chose qu’un marché soumis à toutes les tempêtes, économiques, sociales, politiques, elle doit aller plus que jamais dans le sens de son destin. Et plus que jamais, son destin, ce sont les Etats Unis d'Europe que j'ai appelés déjà de mes voeux.

Ségolène Royal


Lire aussi :

Le capitalisme financier a besoin de réformes radicales. A partir de "La crise de trop" de Frédéric Lordon et "Trois leçons sur la société post-industrielle" de Daniel Cohen.
Par l'Equipe de Ségolène Royal

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