lundi 17 mai 2010

Ségolène Royal interview du 18mai dans Le Monde

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Ségolène Royal s'exprime dans Le Monde daté du mardi 18 mai 2010 au sujet des retraites.

Concernant la "contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital", annoncée par le gouvernement Fillon, elle estime que le gouvernement devra annoncer très vite le niveau de prélèvement, avant que le volet dépenses soit abordé.

Elle réaffirme la nécessaire prise en compte de la pénibilité du travail, et pointe aussi l'absence de mesure sur les niches et le bouclier fiscaux.


"L'âge légal de départ à 60 ans n'est pas négociable" souligne-t-elle ; et l'allongement de la durée du travail ne devra être envisagé qu'en tout dernier ressort, quand tous les autres paramètres auront été pris en compte.


Enfin, la président de la région Poitou-Charentes rappelle la nécessaire réglementation de l'activité des banques et la défaillance de la droite dans la politique qu'elle mène depuis 3 ans dans tous les domaines.

F.M.

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mardi 18 mai 2010

ENTRETIEN

Sans attendre le bureau national du Parti socialiste, qui doit avoir lieu dans la soirée du 18 mai, la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes prend position sur le document d'orientation du gouvernement sur la réforme des retraites. Si elle reconnaît certaines avancées, comme la création d'une contribution nouvelle prélevée sur les hauts revenus et les revenus du capital, elle doute de la validité des projets gouvernementaux qui devraient s'accompagner, à ses yeux, d'une révolution fiscale et d'une nouvelle politique industrielle.



Le gouvernement vient de transmettre aux partenaires sociaux son " document d'orientation sur la réforme des retraites ". Quelle est votre réaction ?

On assiste à un recul inattendu du gouvernement, puisqu'il se dit prêt, pour la première fois, à examiner le volet recettes d'une réforme des retraites. Il parle d'
" une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital ". C'était une de nos exigences anciennes et c'est un acquis du rapport de force que nous avons su créer avec lui. Mais il doit annoncer très rapidement quel sera le niveau de ces prélèvements. Avant toute décision sur la dépense, les Français doivent savoir combien on encaisse. Si ces prélèvements sont faibles, cela sera seulement un nouveau tour de passe-passe pour endormir les forces sociales.



Quand le document parle de " réforme systémique ", cela correspond-il aussi à vos attentes ?

On peut considérer cela comme un point positif car c'est ce dont la France a besoin. Mais le gouvernement ne met pas tous les éléments sur la table. Qu'en est-il de la révolution fiscale qui devrait être le corollaire de la réforme des retraites, le bouclier, les niches ? Il doit aussi préciser ses intentions sur la pénibilité de certains emplois, c'est un débat bloqué depuis de longs mois et c'est inadmissible. Il y a des travaux qui aliènent. C'est vrai pour les emplois précaires qui se succèdent en contrats à durée déterminée (CDD), c'est vrai pour certains emplois de France Télécom.


Les conditions de travail ne sont pas pour rien dans ce que le médiateur de la République appelait récemment la " fatigue psychique " de la société française. La retraite intervient dans la vie des Français comme un moment où chacun peut suivre le rythme de sa vie personnelle. Ce serait une grave erreur de réduire la réforme à la hausse de l'âge de départ à la retraite et à la durée de cotisation.



Pourtant, si on en croit les termes de la " consultation populaire sur la retraite et la fiscalité " que vous avez lancée sur votre site Internet desirsd'avenir.org, l'augmentation de la durée de cotisation n'est pas un sujet tabou.

Si le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans n'est pas négociable, la modification de la durée de cotisation, elle, ne pourrait intervenir qu'en dernière instance. Tous les paramètres internes et externes doivent d'abord être considérés et, si nécessaire, à la fin, et seulement à la fin, la question de la durée de cotisation pourra être posée. Pour que nous l'acceptions, il faudrait que des garanties aient été apportées sur le montant des pensions et que le gouvernement accepte d'établir un calendrier précis pour ré-abonder le Fonds de réserve que nous avions créé en 1999, en imaginant des recettes nouvelles.



Préconisez-vous aussi, comme l'aile gauche du PS, une nouvelle taxation sur les bénéfices des banques ?

J'y suis tout à fait favorable. Plus largement, la question de la réglementation de l'activité bancaire n'a pas été réglée. Sur le terrain, on vit le contraire de ce que dit le président de la République. C'est tout de même incroyable que les régions soient obligées de garantir les prêts bancaires et que l'Etat ne fasse rien.



Quel bilan faites-vous des trois premières années de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

Il aurait fallu qu'il sache pourquoi il était là. Trois ans passés, et pas le début du commencement d'une politique industrielle. Le tournant de l'investissement massif dans la croissance verte n'a pas été pris ; rien n'a été fait pour recadrer l'activité économique et remettre en ordre les aides aux entreprises.


Nicolas Sarkozy n'a jamais réuni, par exemple, les responsables de la filière automobile pour essayer de mettre fin à la vaine concurrence qu'ils se mènent alors qu'ils devraient concevoir ensemble la voiture électrique de demain. Angela Merkel l'a fait en Allemagne et ils sont en train de nous passer devant... On assiste aussi à une incroyable démobilisation des territoires. Nicolas Sarkozy n'a jamais réuni les présidents de région pour esquisser un travail commun entre l'Etat et les collectivités. La droite est partout défailllante, elle manque de volonté et d'imagination.


Propos recueillis par Olivier Schmitt


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