dimanche 12 juillet 2009

L'agriculture dans tous ses états (UPPC#4)!

Lundi 6 juillet 2009, les Universités populaires participatives au theâtre Dejazet à Paris avaient pour thème : "Pesticides : quel impact sur notre alimentation et notre santé?". On a coutume de dire qu'un des écueils recurrents des politiques , c'est de ne penser souvent qu'à court terme, au gré des échéances électorales pour mieux faire l'impasse sur les problématiques de fond. Or, l'alimentation est un enjeu crucial, quotidien, un problème de santé publique qui concerne tout le monde. Il pose de nombreuses questions essentielles, entre autres :
- Quel choix d'aliments avons-nous à notre disposition, de quel agriculture sont-il majoritairement issus?
- Quel lien établir entre ce type de modèle de production et la prolifération des cancers?
- Quel avenir allons nous laisser aux futures générations si nous privilégions un seul et même schéma?

Le débat était précédé par la diffusion du film de Jean-Paul Jaud : "Nos enfants nous accuseront" , une vision implacable et terrifiante du mode de production agricole en France et ses conséquences; l'utilisation massive des pesticides chimiques qui polluent (les nappes phréatiques) , appauvrissent le sol et qui ont des effets secondaires sur ceux qui les produisent ainsi que sur ceux qui les mangent. Le film dégageait également des pistes pour essayer de s'extirper de cette spirale délirante et stérilisante en mettant l'accent sur la production biologique.

Au cours du débat, le professeur en cancerologie Dominique Belpomme a enfoncé le clou, décrivant cette agriculture néfaste qui passe sur les "humains comme un rouleau compresseur". Le témoignage de Paul François, agriculteur n'en prenait que plus de relief, relatant son parcours et ses accidents de santé au contact quotidien des molécules chimiques. Les échanges furent féconds. Faudra t-il attendre que la catastrophe soit irreversible pour qu'on se décide enfin à agir? Combien d'années ont été perdues avant qu'on s'attaque pour de bon au scandale de l'amiante. "Ne traitait-on pas d'irresponsables", comme le rappelait justement Ségolène Royal, celles et ceux qui entendaient le dénoncer bien avant qu'une décision officielle ne vienne enfin l'affirmer?

Seule une volonté politique sans commune mesure permettra de cesser de marcher la tête à l'envers, mais il y a de tels enjeux financiers derrière, des groupes agro-alimentaires pas nécessairement mus par le bien être de leurs prochains mais par la loi du profit trébuchant et immédiat. Pour tenir tête à toutes ces resistances, il faudra s'inscrire dans la durée, car on ne pourra pas éliminer en un tour de main tous les ravages subis par la nature, ce sera un travail de longue haleine qui demandera des moyens considérables mais la lutte pour la survie de l'espèce humaine est à ce prix.

Hélas, il faut bien dire, le gouvernement actuel n' a pas pris la mesure de la catastrophe sanitaire actuelle, le Grenelle de l'environnement a atteint très vite ses limites dès qu'il s'est agi de passer de la parole à l'action. Peut-on accepter une telle inertie qui s'apparente à de la non-assistance à personnes en danger? Allons-nous comme des ruminants continuer à regarder passer inlassablement le train de l'horreur? Un autre chemin est possible et c'est un devoir impérieux pour nous toutes et tous de favoriser l'éradication à tout jamais de cette pente suicidaire. Cette UPPC aura permis de poser la première pierre.

Eric Sternhac

1 commentaire:

Jean-François a dit…

Merci Eric, de nous apporter quelques échos de ces universités populaires qui m'ont l'air d'avoir concrètement abordé des sujets fondamentaux de notre avenir, dans l'indifférence générale des media dominants.

Concernant l'agriculture et pour y avoir "traîné mes bottes" quelques années, tu le sais, je suis tout-à-fait conscient de ce danger sanitaire qui ne pourra que s'aggraver dans un futur proche si nous continuons de projeter la réduction des surfaces dédiées à la production alimentaire au profit des bio-carburants.
la population ne cesse de s'accroître dans le monde et avec elle, les besoins alimentaires, ce qui va contraindre l'agriculture à améliorer encore ses rendements de production.
Et nos pays auront à résoudre le dilemme suivant : illusoire auto-suffisance énergétique ou indispensable autonomie alimentaire ?

Je ne pense pas que des politiciens responsables puissent aujourd'hui faire l'économie de se pencher sur les sujets qui fâchent et qui deviennent prégnants de nos jours.

- Démographie,
- Partage équitable des ressources,
-Respect identitaire et culturel,
- Intégrité territoriale...

Autant de facteurs qui, si on ne s'y attaque pas sérieusement maintenant, risquent de nous entraîner dans un chaos qu'aucune diplomatie, aucune armée ni aucune administration ne pourront résoudre, car il ne s'agira de rien d'autre que du droit de vivre et cela ne se gère pas, dans l'improvisation qui plus est.