lundi 27 octobre 2008

L'éternel Président de l'(UMP)groupe

Certains de nos camarades (Michel Rocard pour ne pas le citer), ont cru bon de préciser que Nicolas Sarkozy avait été « talentueux » dans sa gestion de la crise financière. Même après un grand exercice d'opposition aussi "constructive" que possible, on éprouve de réelles difficultés à savoir sur quels faits se fonde un tel jugement.

Sur le plan de la méthode tout d’abord, le sommet du G4 (réunissant l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et la France), qui est une initiative de Sarkozy, était une vraie erreur, dans la mesure où il n’a aboutit à rien sinon à entériner des plans d’action nationaux et en donnant l’impression que deux Europe cohabitaient.

Sur le plan des solutions apportées, c’est Gordon Brown et non Nicolas Sarkozy qui a permis de débusquer une solution commune à la crise, en promettant de garantir les crédits et… d’entrer au capital des banques. Le seul « grand » Etat à ne pas avoir respecté cette deuxième condition est d’ailleurs la France, avec les risques que cela comporte et qui sont dénoncés par Ségolène Royal depuis le début (elle appelle à des nationalisations partielles des banques).

Mais alors quand on en arrive à évoquer les résultats diplomatiques de l’activisme brouillon de Sarkozy, on est encore plus effarés qu’un tel qualificatif ait pu être utilisé. Si l’on remonte un peu en arrière, on se rappelle que Sarkozy a déclaré souhaiter rester président de l’Eurogroupe d’ici la fin 2010. Au-delà de l’irréalisme juridique d’une telle proposition, Sarkozy n’a pas hésité, de surcroît, à laisser certains de ses proches collaborateurs s’exprimer dans la presse pour expliquer que cela reposait aussi sur sa volonté de ne pas laisser la main aux « eurosceptiques » que seraient les Tchèques. Et bien sûr, cela revient à dire, une fois de plus, que sans lui, l’Europe, voire le monde, auraient sombré.

Voici en quelques jours les conséquences que cette déclaration à l’emporte-pièce ont déclenché :

- Réaction légitimement outrée du Ministre des Affaires étrangères tchèque (dont le pays doit assurer la présidence tournante à compter du 1er janvier 2010), Karel Schwartzenberg,
dans le Monde, qui explique que « si nous étions au temps de nos grands-parents, nous devrions nous rencontrer à 5 heures du matin dans le bois de Boulogne, avec deux témoins en noir ». Après les déclarations martiales de Chirac en 2005, Sarkozy nous fait la même chose en braquant inutilement ce type de pays ;

- Renforcement de la place prise par Angela Merkel au sein de l’UE. Non seulement le gouvernement allemand a réagit, par la négative et très vertement aux propositions françaises (ou bonapartistes, c'est à vous de choisir), mais elle est désormais l’interlocuteur de l’ensemble des Etats membres qui ont plus que des doutes sur l’agitation sarkozyste. Plus fort encore, non seulement Sarkozy ne devrait (heureusement) pas obtenir la présidence de l’Eurogroupe mais Angela Merkel s’est déjà substitué à lui dans la gestion de la crise. Un sommet regroupant la chancelière allemande et le premier ministre britannique aura ainsi lieu demain à Londres, pour, selon le communiqué de Downing Street, discuter de « la manière de faire face à la crise financière ».

Le « talentueux » Sarkozy aura donc réussi, à mi-présidence, à désunir l'UE en se mettant à dos, en raison de sa prétention, une bonne partie des « petits » Etats membres mais à démontrer que la voix de la France, dans les mesures qu’il met en œuvre comme dans son discours, n’aura jamais été aussi isolée.


Jonathan

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