Cette confirmation est tout à fait bienvenue. Son absence n’aurait eu, et de loin, que des effets contre-productifs. Personnellement, j’aurais eu alors avec elle un désaccord assez profond, que je n’aurais pas hésité à exprimer.
Cet événement doit aussi nous permettre de réfléchir, en tant que militant socialiste et proche des idées de Ségolène Royal, au sens de notre engagement lors de ces élections. Un certain nombre de camarades n’hésite pas à indiquer qu’ils ne voteront pas, à cette occasion, pour le PS. Si je peux comprendre que l’éternel joker du « vote utile » peut lasser, il me semble que la nécessité de voter PS à ces élections ne se limite pas à ce seul argument.
- Au niveau européen, le plus important, seul un vote socialiste a du sens.
Les media s’en contre-fichent, nos adversaires font semblant de ne pas le connaître, mais il s’agit de la première élection européenne où l’ensemble des partis socialistes européens disposent d’une plate-forme programmatique commune. Et surtout, d’une plate-forme dont une partie des mesures, notamment sur la question du salaire minimum ou des services publics, témoigne d’une harmonisation par le haut des aspirations des progressistes européens.
Ces orientations et ces propositions permettent de donner une feuille de route clairement établie aux parlementaires socialistes des 27 Etats membres qui seront envoyés au Parlementaire européen. Qu’en adviendra-t-il des engagements de l’UMP ou du Modem quand on observe que leurs souhaits parisiens sont déjà contraires à leurs engagements bruxellois ?
Par ailleurs, à gauche, puisqu’un militant proche des idées de Ségolène Royal peut difficilement envisager de voter de l’autre côté de l’échiquier, quel autre groupe est en mesure de peser contre le PPE, soit le groupe des partis conservateurs européens qui a largement contribué au déficit d’Europe que nous connaissons aujourd’hui ? Quelle cohérence y a-t-il pour le NPA de ne pas hésiter à remettre en cause l’utilité de l’action publique tout en présentant des candidats ? Quelle message Mélenchon et les communistes vont-ils bien vouloir passer, à part réitérer leurs mensonges sur le traité de Lisbonne ou pérorer des slogans souverainistes que ne remettrait pas en cause Philippe de Villiers ?
- Au niveau national, le seul message clair à l’encontre de Sarkozy.
Entre l’orchestration médiatique savamment menée de la mise en avant de Besancenot et les menaces sans lendemains « curieusement » annoncées à l’encontre des listes Dieudonné par Claude Guéant (le "meilleur agent électoral" de Dieudonné, selon l’intéressé lui-même), le pouvoir en place tente de circonvenir la gauche dans un dialogue avec « ses » extrêmes. Ajoutez à cela une pincée de rumeurs de débauchages qui persistent, même s’il s’agirait plutôt de mesures salutaires si elles concernaient Allègre et Lang, et vous obtenez la volonté de désorganiser totalement le camp adverse.
Compte tenu de la nature du scrutin (1 seul tour, proportionnelle intégrale) et de la dispersion une fois de plus préoccupante des listes de gauche (face à une liste pro-gouvernementale unique), vous obtenez le risque d’une interprétation faussée mais répétée à satiété sur les ondes : « l’UMP a gagné ». Même avec 30%, le parti unique de la majorité ferait mieux de se méfier. Toutefois, cela entrainera indubitablement une confiance, que l’on sent déjà poindre, à ne rien changer, voire à amplifier la destruction progressive de l’ensemble des fondements de la société française qui est à l'oeuvre.
Aucun socialiste cohérent ne peut souhaiter ni l’insurrection généralisée (qui peut tourner à la barbarie) ni a fortiori la poursuite de cette politique qui touche avant tout les plus faibles d’entre-nous. Nos querelles internes, aussi importantes soient-elles, ne doivent pas nous faire oublier que nous nous ne battons pas pour nous-mêmes, mais pour les Français.
En confirmant sa participation à Rezé, Ségolène Royal confirme sa stature politique de femme d'Etat et délivre un message. On ne construit pas sur des ruines. Personne ne peut souhaiter une défaite importante du PS qui serait interprétée comme une défaite de Martine Aubry sans doute, mais surtout comme une victoire de Nicolas Sarkozy.
- Au niveau du parti, fidèles à la cohérence de notre stratégie.
Un certain nombre d’ami-e-s au sein de Désirs d’avenir ne font pas partie du PS et c’est tant mieux. Néanmoins, nous avons fait le choix, après moult péripéties, d’intégrer la direction nationale (Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Louis Bianco, Guillaume Garot etc.). Au niveau fédéral, notamment à Paris, nous sommes partie intégrante de la direction. Au niveau local, nous sommes nombreux à exercer des responsabilités. Nous faisons actuellement très activement campagne pour la plupart, malgré l’indifférence.
Si nous poursuivons cette stratégie, malgré la difficulté à trouver une place statutaire à Ségolène Royal dans l'organigramme solférinesque, il n'empêche que nous ne pouvons nous dédire et avoir un pied dedans, un pied dehors. Ségolène Royal a représenté les souhaits d'une bonne moitié des adhérents de ce parti. Ils veulent toutefois y rester, le faire vivre, malgré les difficultés. C'est justement en ces temps difficiles que l'on a besoin d'elle et de l'ensemble des socialistes.
Pour toutes ces raisons, d’efficacité et de justesse politique au niveau européen, de message clair adressée à l’UMP sur le plan national et de cohérence de notre comportement dans le pays (« Soyez exemplaires » disait Ségolène Royal lors de la dernière AG de Désirs d’avenir), j’invite tous les camarades à ne pas hésiter à voter socialiste le 7 juin prochain.
Jonathan
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